Apprendre à être témoins

Être témoin sur nos territoires. Notre tour d’horizon des différents axes de prière tournés vers la mission ne serait pas exhaustif si nous ne parlions pas de l’axe du territoire. C’est un fait indéniable que Dieu nous a « assis » dans une culture, un lieu et un environnement particulier. Chacun de nous, que ce soit en tant qu’individu ou en communauté, sommes plantés dans un territoire géographique, social et professionnel. Et concernant ce territoire, il faut bien concéder qu’il existe malheureusement de nombreuses zones blanches à notre impact : des zones blanches où l’Église n’est pas visible certes mais aussi et de manière plus importante encore, des zones blanches où l’Église n’est pas audible. Détaillons un peu…

Une Église pour 10’000 habitants. D’abord, il existe des zones blanches où l’église n’est pas visible tout simplement parce qu’il n’existe pas de communautés ou de groupe de croyants actifs sur ce secteur. La France aurait au minimum besoin de 3 fois plus de communautés pour simplement mettre l’évangile à portée d’un quart d’heure de route de n’importe quel Français. C’est la distance idéale pour que le déplacement ne soit ni rédhibitoire ni contraignant. À titre de comparaison, ce serait encore 1/3 de moins que nos voisins allemands, et la moitié moins que nos voisins Suisse.[1]

Une dizaine de sous-cultures. Ensuite, il existe des zones blanches où l’église n’est pas audible. Cela paraît tellement surprenant que ce point est important, d’autant plus qu’il est imperceptible. En effet, notre société vit une profonde mutation depuis une trentaine d’années : alors qu’elle était une société monobloc, elle s’est fragmentée en une dizaine de sous-cultures hermétiques les unes aux autres. La grande conséquence est qu’un langage unique n’est désormais plus possible pour toucher la totalité des gens. Nous devons impérativement en tant qu’église accepter et prendre en compte cette évolution. Cela explique que notre présence est inexistante dans plus des trois quarts des sous-cultures françaises [2] au même titre que des peuples non-atteints…

Oser se mettre en mouvement. Face à ces constats, l’église doit se mettre en mouvement car l’essence même de l’évangile est d’ « aller ». Tout le monde n’ira pas partout et le but n’est pas que la mission devienne pesante ou déracinante. Déjà traverser la rue, aller dans un autre quartier, s’occuper d’une zone périphérique. Mettons-nous à prier que Dieu ouvre nos yeux sur une toute petite partie de cette immense mission qui nous dépasse, pour un territoire physique ou un territoire social qu’importe, un territoire pour lequel nos coeurs vont bouillonner d’amour. Seigneur, où veux-tu que je porte les regards ? Où veux-tu que nous portions nos regards ?

Mettre l’Église en chantier. « Aller » demande cependant de sortir de sa zone de confort, de bouger, de partir, que ce soit en tant que personne ou en tant que communauté. Grâce à Dieu, le peuple de Dieu possède une excellent outil adapté et adaptable (théoriquement 🙂 !) pour remplir cette mission : L’éGLISE. Le corollaire indispensable de toute cette dynamique, c’est que l’Église évolue petit à petit pour devenir ce qu’elle aurait toujours dû rester : un lieu d’entraînement, de formation, d’envoi et d’accueil, où chacun prend sa place. C’est ce que vécut l’église d’Antioche au premier siècle, une Église qui s’est mise en chantier pour devenir plus efficace pour la mission du Maitre !

Se tenir prêt avec l’aide de Dieu. Dans la prière sacerdotale, nous exprimons que le règne de Dieu vienne, mais encore faut-il que son royaume s’étende sur toute la terre par sa grâce et avec son aide. Si c’est bien Jésus qui construit son Église conformément aux évangiles, il a besoin d’ouvriers disponibles et dévoués pour être utile à cette mission conformément à ce même évangile. Seigneur envoie-moi ! Seigneur envoie-nous !


[1] Cf. http://www.1pour10000.fr

[2] Cf sinus milieu . http://www.sociovision.com/assets/teaser-observatoire-france-sociovision-2021.pdf